Méditation

Lâcher prise

 

« Tu respires et tu déposes ce qui est juste entre des mains plus fortes, et tu t’apaises. »

Dietrich Bonhoeffer. Écrits de prison.




                                                                                                                                                                      Vosges, Octobre 2017
   
 

« Je me suis couchée dans l’herbe, pour écouter le vent… », écrivais-je l’autre jour. Pour évoquer le repos, la détente. Comme une respiration dans une vie dense.

Aujourd’hui, c’est dans la pluie et le brouillard que je suis partie, grandeur nature, pour prendre du recul sur ma vie. Engoncée dans ma cape (et mon pantalon) de pluie, à fleur d’une crête d’un ballon des Vosges, je me suis couchée dans l’herbe et… j’ai entendu le vent !

Ce n’était pas le bruit d’un « souffle léger », tel celui dans lequel Dieu s’est manifesté à Elie découragé (cf. 1 Rois 19). C’était plutôt un de ces vents que l’on dit capable de décorner un bœuf !

Un vent propre à délester n'importe quel arbre de ses dernières feuilles mortes. Un vent pour attester que l’hiver est bien là. Un vent pour rappeler que la saison du grand dépouillement fait partie des saisons de la vie... Saison du lâcher prise pour l’arbre, dans la perspective d'un temps où il sera de nouveau en capacité d’offrir une ombre protectrice et des fruits nourrissants.

Le vent, comme une image du souffle agissant de Dieu ?

Ce Ruah* violent a, paradoxalement, un effet apaisant sur ma vie. Me frotter aux éléments d'apparence adverse me rappelle que les aurores tranquilles comme les tempêtes qui me bousculent font partie de la vie, et représentent autant d’étapes nécessaires à ma croissance, à la formation et à la maturation de mes fruits.
 


Loué sois-tu, mon Seigneur, avec toutes tes créatures (…).
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour frère Vent,
et pour l’air et pour les nuages, 

pour l’azur calme et tous les temps.

Cantique de Frère Soleil. St François d’Assise


 

Depuis la terre, acclamez le Seigneur,
acclamez-le, feu et grêle, neige et brouillard,
vent de tempête, soumis à sa parole.
Acclamez-le, montagnes et collines,
arbres fruitiers, et tous les cèdres…

Psaume 148. 7-9


 


* Ruah, mot hébreu que l'on peut traduire par « vent, souffle, esprit ». 

Le 22 décembre 2013.